L’exploitation traditionnelle des huîtres en Basse-Casamance : une connaissance empirique pour limiter la dégradation de la mangrove et garantir la pérennité des ressources

Abstract

Les contraintes physiques, l’étalement des villes du fait de la croissance démographique, les
prélèvements massifs des ressources par les populations et le changement climatique ont
fortement accentué la dégradation de la mangrove de la Basse Casamance. Ainsi, cet article se
propose donc d’interroger les méthodes traditionnelles d’exploitation des huîtres qu’utilisent
les femmes, pour saisir comment ces techniques et pratiques empiriques pourraient aider à lutter
contre le changement climatique. En effet, pour garantir la pérennité des ressources, les femmes
faites très attention aux incidences de leurs actions sur les bolongs et sur les rives du fleuve
Casamance d’où elles tiraient leur alimentation. Les principaux utilisateurs de la mangrove
s’appuyaient par exemple sur certaines règles coutumières: les huîtres sont cueillies en saison
sèche, la récolte des huîtres durant l’hivernage est interdite par la coutume (c’est la période de
reproduction), cela permet de prévenir l’ensemble de la communauté des changements
écologiques et d’une éventuelle menace pour les ressources halieutiques. Selon cette coutume,
« les rizières déjà semé ne doivent pas être traversé par des personnes en possession des
huitres, sinon les semences et les rendements ne seront pas bons ». Cette coutume héritée des
ancêtres est nettement en vigueur, aujourd’hui dans la Basse Casamance. Ce sont donc des
techniques ancestrales qui permettent de garantir une gestion responsable et durable des
ressources. Ainsi, l’exploitation de ces dernières est contrôlée dans le temps et dans l’espace
afin de permettre l’atténuation du changement climatique.